Vogue : la culture pub

 

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Durant des années, je n’avais plus ouvert un Vogue. Il n’y avait pas de raison particulière, à part,
peut-être, son poids. Oui, Vogue est un magazine qui pèse lourd. Et puis je me suis retrouvée, à nouveau, avec un exemplaire entre les mains. Pas bêcheuse, je me suis dit qu’il
fallait m’y replonger pour soit y retrouver l’envie de parcourir les pages d’une bible de la mode, soit comprendre les raison qui m’avaient poussée à le laisser sur les rayons du kiosque à
journaux.

Hélas, il ne m’a pas fallu longtemps pour me souvenir des raisons qui avaient fait de Vogue un paria dans mes lectures. 102 pages… Il a
fallu attendre 102 pages pour commencer à trouver du texte
. Avant ? des pubs, encore des pubs, toujours des pubs, avec des annonceurs allant jusqu’à prendre deux doubles pages
d’affilée. Navrant… De bible, Vogue n’en était plus que celle de la publicité. Fin d’un mythe…

Pourtant, des milliers d’exemplaires de Vogue s’écoulent encore. Cas de conscience : pourquoi acheter de la publicité ? C’est alors que la vérité est apparue : la femme moderne se cherche,
la femme moderne n’a plus de curiosité intelligente, elle s’attend à tout lui voir arriver sur un plateau. Alors, faisant fi des séries pensées par des stylistes de plus en plus
vendues aux marques, elle se contente des pubs archi-marketées qu’on lui expose sur papier glacé. Pourquoi se fatiguer alors que ces pubs donnent le ton ?

Certes, quelques articles résistent à l’effusion publicitaires. On trouve encore, çà et là, des textes dont l’intérêt nous capte. En témoigne ce fameux numéro autour de l’avant-garde et son
hommage à Bowie, certes succinct, ou encore l’œil d’Hubert de Givenchy sur une exposition qui fait descendre la haute couture dans la rue (via l’Hôtel de ville).
Et les photos, ah, ces visuels si particuliers illustrant les pages cosméto… C’est là tout le charme de Vogue

Cependant, une simple question remet les choses à leur place : demandez à un kiosquier qui achète Vogue, il vous répondra “les agences de mannequins, les agences de presse, les étudiants en
mode”. Retour à la réalité : si Vogue est un mythe, il est devenu celui des pros. On veut voir sa pub, son vêtement sélectionné, son mannequin en photo. En guise de rêve, Vogue ne vend
plus qu’un retour sur investissement
. Et c’est bien dommage…