Nostalgie d'un autre âge

Enfin les vacances, enfin du temps pour moi, pour rattraper le retard qui s’empile sous forme de magazines sur le plancher de mon
chez-moi. Les magazines de filles, les magazines rapportés de voyages à l’étranger (toujours regarder ce qui se fait ailleurs), les suppléments horoscope (on n’y croit pas mais on les garde juste
au cas où, pour vérifier…), les suppléments sexe (des fois qu’on n’aurait pas encore compris comment ça marche), et les numéros du Nouvel Obs qu’on a délaissés au profit d’un « spécial
mode d’été ». Et c’est en me plongeant dans cette littérature éphémère que j’ai remonté jusqu’à avril dernier, avec ce numéro spécial « 20 ans en 2008 ».

Samedi 9 août: j’ai passé ma journée sur mon lit à parcourir des centaines de pages de papier glacé. Ca sent la courbature de la lectrice, avec douleurs à l’épaule et torticolis de l’intello (si,
si, apprendre à « bien bronzer » cet été, c’est de la lecture, donc c’est intello). Et voilà que j’entame un Nouvel Obs négligemment oublié au milieu de la pile « à lire » (notez que ceci
explique cela, avec cela = néant de la revue de presse sur les derniers mois). Quels sont les doutes, les aspirations, les rêves des djeuns d’aujourd’hui? Comment voient-ils le monde, la France,
leur propre vie? Tout un programme, je m’installe aussi confortablement que possible sur fond de Led Zeppelin.

Premier constat: les vingtenaires sont paumés. Paumés dans leur orientation, paumés dans leur vie, paumés DE la vie. Ils savent vaguement ce qu’ils ne veulent pas, mais pas ce qu’ils
veulent. Ils ont des rêves, mais n’osent pas les réaliser, des idéaux, mais la conscience du monde (pourri) qui nous entoure et des contraintes sociales, financières, politiques, bref, de tout ce
dont on n’a pas la moindre envie de se soucier à 20 ans. Les vingtenaires ont des convictions, gardent les pieds sur terre, mais aspirent à se rapprocher des étoiles (depuis longtemps ils ont
compris qu’ils ne les atteindraient jamais). Les nouvelles technologies sont leur environnement premier, ils maîtrisent web, wap et portable, ne se déplacent pas sans leur iPod, voire leur
iPhone, et communiquent via Facebook ou MySpace avec d’autres djeuns du monde entier. Certes…

Et moi je suis allongée sur mon lit, à lire toutes ces choses qui ne me semblent pas si éloignées de moi. Je mériterais d’avoir 20 ans, 21 tout au plus, alors que j’en accuse dix supplémentaires.
D’ailleurs, je porte un pantalon que j’ai acheté à 19 ans. Si je le porte encore, c’est que je n’en suis pas si loin… Moi aussi, je suis accro à Facebook, j’ai un peu délaissé MySpace, je suis
ultra-connectée même en vacances, et c’est là que je me rends compte que ma vie ressemble de plus en plus à celle de ces vingtenaires symboles d’une jeunesse inaccessible.

D’ailleurs, il suffit de reprendre mes mags féminins: comment rester jeune plus longtemps, rester hype à tout prix, repousser les limites de l’âge, effacer les signes de vieillissement… Le
jeunisme est devenu une religion. Et moi, je me situe où dans tout ça? Et oui: j’ai une aventure avec un garçon de 8 ans mon cadet. Pas grave: c’est la demi Moore touch..! Un syndrome pour
certains, une révolution pour d’autres. Pff! Comme si elle était la première! Et si c’était simplement un retour à moi-même, mon ticket vers celle que j’ai négligée en grandissant, mon
passeport vers Moi, avec option régression et conséquences bénéfiques..? N’en déplaise aux partisans d’un conformisme absolu: je ne suis pas des vôtres. J’ai de nouveau 20 ans et envie de
m’éclater, de me découvrir et d’appréhender le monde en toute simplicité. Ce n’est pas de la naïveté, c’est le come-back d’une certaine innoncence que j’avais perdue quelque part entre deux
soirées trendy, en même temps que ma véritable nature.

Avec ma décennie de plus, j’ai les mêmes angoisses que ces vingtenaires pris à parti. J’ai abandonné mes rêves parce qu’il fallait faire des études et trouver un métier. J’ai fait mes études.
J’ai obtenu deux DEA après une première erreur d’orientation. Et aujourd’hui je me rends compte que ce n’est pas une erreur que j’ai faite, mais deux, et je me retrouve dans la situation que les
20 ans redoutent tant: se réveiller à 30 et se rendre compte qu’on ne fait pas ce qu’on voulait faire. Je ne sais pas où je vais, je ne sais même plus ce dont j’ai envie. A 20 ans, on a le droit
d’hésiter, de se chercher, mais pas à 30. Pire: se poser des questions à 30 ans est perçu comme un échec une GROSSE erreur de parcours. Qu’on peut éventuellement excuser si le tir est rectifié
aussitôt. Mais… et s’il fallait plus de temps..?

Alors je rêve de voyages, de cette année sabbatique que je n’ai jamais prise, de découvrir des cultures différentes, des paysages étonnants, de rencontrer des gens différents. Paris est un
microcosme dans lequel on se construit une image dont on ne peut se démarquer sans y laisser des plumes. Je sature. Ras-le-bol du bling-bling même si j’aime les paillettes, OD de superficialité
et de hype à tout prix. Qui suis-je vraiment sous ma « tenue de combat »? Dire que je voulais être chanteuse (bien avant l’ère Star Ac’ & co), inventeur ou princesse… Aujourd’hui,
je pense ONG, je pense environnement, je pense faire quelque chose de concret, arrêter de me perdre dans du vent. Et pourtant… j’ai un métier plutôt glam, fashion, hype… Un métier qui
faisait rêver les vingtenaires d’il y a dix ans, et les trentenaires d’aujourd’hui. Un métier dont je m’éloignerais bien volontiers pour vivre mes rêves, si j’arrive à remettre la main
dessus..!

J’en suis là de mes réflexions et je peste contre des avions qui passent au-dessus de ma tête (en plein Paris!?!) à près d’une heure du matin, et menacent l’intégrité de « Stairway to
Heaven ». Sacrilège! La rentrée arrive et la sempiternelle deadline de septembre, ce moment décisif où on doit choisir son orientation, se négocier un avenir brillant… Peut-être qu’en
regardant les étoiles filantes et en faisant un voeu..? Nous sommes en 2008 et je mériterais d’avoir 10 ans de moins. Avis à ceux qui fêtent leurs 20 ans cette année: n’oubliez pas vos rêves
parce qu’on vous demande d’être réalistes. Vous le regretterez bien trop vite, et il sera déjà bien trop tard…

2 thoughts on “Nostalgie d'un autre âge

  1. hello à toi! Si tu en as marre du bling bling, passe donc me voir à Arlit cet hiver :))) Pas de bar hype, du calme et la possibilité de donner un coup de main à une ONG.
    Et puis je serais sûrement content de voir une tête familière!!!