La théorie de la Saint-Valentin
Depuis déjà près de deux mois, je reçois des mails d’attachées de presse qui, toutes, veulent que je parle de la Saint-Valentin et que je place leurs produits dans des magazines. Mais il
y a deux écueils pour ces pauvresses (je compatis à un point que vous ne sauriez imaginer, ayant moi-même fait partie de cette communauté d’acharnées du mailing compulsif).
Le premier, c’est que j’abhorre la Saint-Valentin. Enfin… Peut-être que ce ne serait pas le cas si, depuis plusieurs années déjà, je ne la passais pas systématiquement avec 1. mes copines, 2.
ma télé, devant une comédie romantique qui ne fait que me rappeler que non, je n’ai pas d’amoureux (ou en tout cas pas de suffisamment sérieux pour avoir droit à la soirée adéquate) ou 3. avec du
boulot (si ça c’est pas romantique, qu’est-ce qui l’est?). Les fleurs, c’est moi qui me les offre; les chocolats, c’est mauvais pour le régime; le cadeau, comme pour Noël, c’est moi qui me le
fais ! Vous avez dit Saint-Valentin..?
Deuxième écueil : suite à un sévère léger décalage dans les paiements de l’agence pour laquelle je pigeais (certaines factures datent de
décembre 2009 pour des articles écrits en novembre 2009), je ne pige plus. Fini le journalisme, maintenant je suis community manager, j’écris sur des blogs et je suis payée pour (ça change !).
Alors évidemment, leurs communiqués de presse concernant des voyages pour deux, des soirées pour deux, les massages en duo (comme si ce n’était pas top en solo), le cadeau à LUI faire… Je ne
sais pas vraiment où les caser, les blogs dont je m’occupe n’ayant pas vocation à faire de la pub pour des trucs que je ne peux même pas tester…
Donc me voilà, à deux semaines de la Saint-Valentin, ma boîte mail submergée de messages au titre ne laissant aucune place à la surprise, éberluée de voir que cette fête commerciale au possible
leurre encore des couples dont un tiers ne se mariera pas, l’autre divorcera, et seule une partie du troisième vivra un amour épanoui (les derniers préférant rester avec la mauvaise personne
plutôt que seuls). Jusqu’à Sephora qui s’y colle avec un slogan « Fatale Attraction » décliné à toutes les sauces et même un questionnaire pour savoir si on est faits pour vivre ensemble (je vais
le proposer à mon voisin, tiens).
Que pensez d’une société où on continue à nous pourrir (les yeux, les oreilles…) avec une fête qui, statistiquement, ne concerne qu’un petite partie de la population (allez sur les
sites de rencontres et vous vous rendrez compte de l’étendue du célibat généralisé en France) ? D’ailleurs, la stratégie de communication autour de cet événement est-elle justifiée ? Pour un
couple qui célébrera la Saint-Valentin, combien n’en ont rien à faire, parce que chez eux on n’a pas besoin de se prouver son amour un jour dans l’année, ça se fait quotidiennement ? Dans quelle
mesure, la Saint-Valentin n’est-elle pas simplement devenue une pression supplémentaire pour les célibataires tandis que les « casés » se sentent de moins en moins concernés..?