La mode à l'anglaise

Chose promise… Voici venu le temps d’une réflexion intense sur la mode anglaise. Mais pas celle qu’on nous montre dans les magazines,
photos des défilés de nouveaux créateurs en vogue à l’appui. Non, la tendance, la vraie, celle que l’on voit dans la rue. Et le constat est sans appel: les londoniennes (honnêtement, qui me
reprochera de réduire la mode anglaise à celle de Londres?) osent tout, faisant fi des saisons, des conditions météo et même de leur… IMC..!

Londres, en pleine journée, annonce ouvertement la couleur, ou plutôt devrais-je dire les couleurs. Parce que c’est un défilé permanent de paillettes, de couleurs vives et de chair exposée. La
londonienne a un atout non négligeable: elle porte ce qui lui plaît sans se soucier du regard des autres. Et ce pour une bonne raison: personne ne la regardera de travers: ni la pseudo bourgeoise
revenue de sa période punk, ni la minette qui entre dans les cabines de Topshop les bras chargés de pulls, robes, tops, pantalons, et accessoires. L’accessoire, justement, essentiel dans la
panoplie de la londonienne. C’est lui qui fait la différence, qui justifie d’un jean ou d’une jupe un chouilla trop sobre, d’un top un poil classique. Chapeaux, casquettes, sacs, pochettes,
ceintures…

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Est-ce à dire que nous devrions nous inspirer de ces filles et garçons que rien n’arrête, prêts à oser toutes les excentricités pour peu que le style leur plaise? Ce n’est malheureusement pas
aussi simple. Car la londonienne existe en plusieurs versions (non antagonistes). La première est la schoolgirl qui se dévergonde le soir. Vous la trouverez en journée arpentant les rues pavées
en jean et pull (court, le pull, parce qu’il faut bien montrer le nombril) à la recherche de la tenue qui la tansformera le soir venu. Sobre, donc, si tant est qu’on puisse trouver une
once de sobriété à Londres. Il suffit de regarder la moindre vitrine pour voir que le tailleur noir et le twin-set gris ne sont pas plus tendance à Londres que la combi en skaï à
Paris.

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Seconde catégorie: la fashionista. Son icône: Kate Moss. Ses lieux de prédilection? Tous les endroits où on la remarquera, trendy ou pas. D’ailleurs, moins c’est trendy plus on la remarquera au
milieu de ces gens grisâtres qu’elle regarde avec condescendence. L’exemple le plus flagrant? Allez faire un tour au Savoy pour un afternoon tea. L’hôtel est on ne peut plus classique, un
pianiste accompagne le fameux tea, et les vieilles dames venues tenir salon sont légion. C’est alors que surgit la fashionista. Heureuse d’accompagner sa grand-mère pour une tradition ancrée dans
la famille depuis des lustres ou bien ses copines pour une virée « so kitsch » et totalement à l’opposé de leurs repères habituels. La fashionista brille de mille feux, assortie aux lustres grande
époque. Sequins, paillettes, on la croirait tout droit sortie de La fièvre du samedi soir. Où est donc John Travolta?

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C’est le soir que nos deux héroïnes se retrouvent. Le fossé vestimentaire qui les séparait rétrécit proportionnellement à l’espace découvert entre leur short et leur débardeur. Si l’une et
l’autre affectionnent particulièrement les tenues courtes (vous l’aurez compris), elles s’accordent également sur le principe d’attirance optique, ou comment faire converger les regards vers soi.
Parce que si vous pensez qu’une simple robe fuschia ou quelques centimètres de surface glittering feront de vous la star des nuits londoniennes, vous allez vite déchanter. C’est le règne d’un
revival seventies, de couleurs pop, de mini jupes, de cuir et de fausse fourrure, d’accessoires variés. Et plus ça brille, mieux c’est. Osez les bottes blanches avec la mini so Austin Powers, la
toque de fourrure sur un short, jambes nues, ressortez vos robes légères et réchauffez-les simplement d’une écharpe vintage à franges (longues, les franges, très longues, et plein, partout).

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Et quid des hommes dans tout ça? Ah, les hommes, toujours une espèce à part. Vous trouverez des ultra-lookés, des dandys, des punks, des gothiques, des jeans slims (l’ensemble des 15-18 ans
parisiens en porte aussi)… Mais ce qui choque, et choquera toujours l’oeil de la trendsetteuse, c’est le mâle anglais dans toute sa splendeur, buveur de bière, qui flotte dans un jean trop
large, trop taille basse, et laisse entrevoir (doux euphémisme) son caleçon au détour d’un pub. Et bien si vous vous dites que cet homme-là vous n’en voudriez pas, que vous iriez le rhabiller
fissa, jetez un oeil en bas à gauche. Vous voyez, là, juste à côté de ses pieds? Mais oui! C’est bien un sac Topman, l’équivalent masculin de notre Topshop à nous… Et la conclusion s’impose
dans toute sa splendeur: le mâle londonien a savamment étudié ce caleçon informe qui dépasse. Ce n’est pas un réfractaire au shopping, il ne dénigre pas la mode. Simplement, il la revisite à sa
façon, même si sa perception reste obscure pour la gent féminine au-delà des frontières de l’UK.

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Avis aux fashion victims de tous bords, aux passionnés de mode, aux délirants de la fringue: Londres vous appelle (je ne peux décemment pas reprendre une fois de plus le « London Calling »
des Clash). Inspirez-vous, rapportez vos trouvailles dans notre capitale de la mode plus si capitale, réveillez le paysage urbain de folie vestimentaire sévère, transmettez le virus autour de
vous. Faites-vous plaisir et rendez à la mode son style. Il n’y a qu’un pas, si simple à faire, pour entrer dans la tendance et larguer définitivement le « stylistiquement correct ». Ecoutez-vous,
regardez-les, étonnez-nous!