De la vidéo à l'analyse socio-culturelle

Comme toute bonne geek qui se respecte, j’ai commencé ma journée par un petit tour sur facebook. Sur mon wall, j’ai trouvé une vidéo pour le
moins amusante qui m’a poussée à me poser cette terrible question: l’art du baiser est-il universel? Car, si depuis longtemps on prétend que la fellation est une pratique qui prend toute sa
dimension lorsque celui qui la reçoit a les yeux fermés, nous avons aujourd’hui la preuve que le baiser en va de même… Mais n’est-ce pas là le révélateur d’une situation bien plus
complexe?

Au premier abord, cette vidéo m’a fait éclater de rire, avec tous les risques que cela implique lorsqu’on est dans un bureau. Jeunes écervelées,
méfiez-vous des beaux garçons: le mâle célibataire bien sous tous rapports cache invariablement un autre personnage bien moins glamour. Mis à part le manque d’hygiène d’un tel canular (à
votre avis, les chimpanzés se sont-ils brossé les dents avant d’entrer en scène?), un problème sous-jacent est déterré: l’éternel mythe du prince charmant fait une fois de plus les frais de
notre monde moderne.
Si on gratte un peu plus, on découvre que cette scène a priori comique révèle en fait un malaise global, une situation banale qui se généralise de nos jours: le jeune fille et le beau
garçon.
Episode 1: on choisit quelques représentatrices de la gent féminine, ni canons d’esthétisme ni laiderons, et on leur met sous les yeux deux représentants du sexe opposé dont les
caractéristiques physiques les rendent pour le moins attrayants.
Episode 2: chaque cobaye (puisqu’il s’agit finalement d’un test en aveugle) se voit promettre un petit moment de bonheur au cours duquel elle devra (une tâche ma foi bien difficile à assumer)
embrasser les deux « spéci-men » (de « spécial » et « men ») afin de tester un baume pour les lèvres.
Episode 3: une fois que le cobaye a les yeux bandés, les spéci-men sont remplacés par leurs cousins les chimpanzés qui auront tout loisir d’exercer leurs talents d’embrasseurs au cours d’un test
qui révèlera bien plus que la tenue et le confort d’un baume.
Episode 4: non contents d’avoir publiquement humilié le cobaye, les organisateurs se délectent de leur air dégoûté au moment d’ôter le bandeau. Réaction immédiate et invariable: le cobaye se
sent trahi, sale, trompé sur la marchandise.Analyse: un tour pareil ne peut être joué si on ne tient pas compte du contexte. Et constat effrayant: les femmes sont devenues des Bridget Jones en puissance, cherchant le prince charmant de
contes de fées dont on leur rabat les oreilles depuis leur plus tendre enfance (faudra d’ailleurs penser à écrire la suite des contes de fées, après le « ils se marièrent et eurent beaucoup
d’enfants »).Victimes d’une société de consommation où l’on veut tout, tout de suite, où le mâle lambda craint plus le tic-tac de l’horloge biologique de sa compagne que l’éventualité d’une guerre
nucléaire, l’innocente et fragile jeune fille ne voit pas le piège qui lui est tendu, toute pleine d’espoir qu’elle est. Et c’est là, alors qu’elle recommence à croire en un bonheur pour
lequel on l’a programmée, que le couperet s’abat sur elle: il ne fallait pas rêver, la chute n’en est que plus dure.

Cruauté d’une société qui ne peut que se délecter du malheur de ses semblables. Il suffit de regarder l’animatrice, elle-même loin d’être une poupée Barbie, prendre un plaisir sadique à humilier
ses semblables. Elle en est revenue de ses rêves de petites filles, et se venge, tel l’enfant à qui on vient d’apprendre que le Père Noël n’existe pas et qui va le répéter aux plus jeunes.
Finalement, le fait de rire en visionnant cette scène ne fait-il pas de nous les pourfendeurs de nos propres espoirs..?

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Personnellement, j’y réfléchirai à deux fois si un jour on me propose d’embrasser un homme les yeux fermés. Je n’ai rien contre les chimpanzés, mais mon esprit doit être trop étroit,
finalement, pour envisager de telles pratiques. Mesdemoiselle, attention à vous (Messieurs, aussi, car ces derniers temps il semblerait y avoir une forte recrudescence de blagues à vos
dépens): ne vous laissez bander les yeux que si vous avez une totale confiance en la personne qui se plante devant vous avec un petit sourire coquin.

One thought on “De la vidéo à l'analyse socio-culturelle

  1. Ivy, Kitson, La Cienega, Robertson Blvd tu connais le sujet People Audrey! C’est impressionnant!

    On ajoute le Teddy’s et Les Deux ?

    Kiss Audrey
    Virtual Kiss not blind Kiss !

    Eric