Paris est à moi
Paris au mois d’août… Paris et ses touristes, Paris et ses plages, Paris et ses rues
désertées, livrées aux quelques abandonnés des vacances. Paris et ses voies de vélo vides de scooters, Paris et ses couleurs, Paris et ses monuments… Nous sommes au mois d’août et je suis à
Paris, à peine rentrée de vacances, sur le point de repartir, comme fuyant ma ville pour trouver la mer. Me voilà sur mon vélo, et… Paris est à moi!
20h30, le jour commencé à baisser, les touristes sont parqués dans les restaurants, seuls les parisiens sont traînent encore dans les rues, et quelques visiteurs montés sur leur Vélib’. J’ai
enfourché mon vélo pour retrouver une amie et me balader sur les bords de Seine. « Paris plages », je n’y ai encore jamais mis les pieds. C’est l’occasion.
Sur la route, je hume l’air pur (avec le peu de voitures qui circulent, il fait bon respirer l’air de la capitale), je flâne, je regarder le ciel, les arbres, j’admire les
Invalides, le Grand Palais, l’Assemblée Nationale, la place de la Concorde dont le calme me ferait presque penser à un épisode de la quatrième dimension, le Louvre… A ma droite se dressent le
Musée d’Orsay, majestueux, la Conciergerie, l’Hôtel-Dieu, mon lieu de naissance. Et oui: je suis une vraie parisienne, pure souche, une espèce rare…
Sur le chemin qui me mène à l’Hôtel de Ville, je croise des cyclistes du dimanche, comme moi. Eux aussi profitent de ce moment hors du temps, de cette parenthèse dans la vie d’une ville plutôt
encline à la frénésie permanente. Certains me sourient. Paris est une ville romantique, c’est bien connu, et les hommes l’ont bien compris: les beaux jours sont prétexte à de nouvells rencontres.
L’un d’eux s’arrête à côté de moi au feu rouge et engage la conversation dans un français approximatif.
Il est charmant, du charme de ces étrangers en manque d’assurance et pourtant prêts à faire de nouvelles rencontres à tous les coins de rue. Il cherche le Pont de Arts. Nous y sommes. Me demande
si j’accepte de prendre une photo de lui: il voyage seul, voudrait quelques souvenirs. Accepterais-je de poser avec lui? Bien entendu. Le temps d’accrocher nos vélos et nous voilà au millieu
d’une foule rassemblée sur l’un des ponts les plus prisés de Paris. Clic-clac! C’est dans la boîte. J’ai rendez-vous, je l’abandonne à sa découverte d’un Paris transfiguré par les vacances.
Paris à vélo, le meilleur moyen de faire des rencontres improbables…
Je retrouve mon amie. Nous testons un nouveau glacier (enfin, plutôt un yaourtier-glacier, tendance en vogue aux USA – j’en ai descendu des litres l’année dernière durant mes vacances dans la
Cité des Anges), nous dirigeons vers les quais. Surprise de découvrir ce monde à part, là où d’habitude se pressent des files de voitures toutes plus pressées les unes que les autres, dont les
conducteurs en oublient jusqu’à regarder autour d’eux. Nous nous baladons, parlons de nos histoires de coeur (sempiternel sujet de filles), abordons des thématiques jusque-là gardées pour nous,
mais que voulez-vous: l’air est à l’ouverture aux autres, aux confidences osées, sur un thme de « Sex and the City ». La plage de Paris s’est vidée de la clientèle de jour, pour laisser place à
celle de la soirée. Apéro entre amis, balade romantique, évasion temporaire…
Mon amie prend le métro, je me dirige vers mon noir destrier, iPod dans les oreilles me balançant le son de Brisa Roché qui a transformé le « American Boy » d’Estelle en « Jamaican Boy » undergound.
D’aucuns diraient que c’est hype… Un jeune homme s’approche de moi, me demande où est la station Hôtel de Ville. C’est fou ce que Paris regorge d’hommes qui ne savent pas où ils vont! C’est là
que je vais, nous nous accompagnons mutuellement, je lui fais écouter ma musique. Partage furtif.
J’enfourche ma monture, décolleté au vent. Ah oui! Je ne vous l’avais pas dit? Je fais du vélo habillée comme pour sortir. on ne sait jamais… Les rencontres fortuites existent. La preuve! Ma
tenue a d’ailleurs fait sourire mon amie: « à nice, on ne te remarquerait pas (merci..!), mais à Paris, évidemment… » Et oui: un petit top sexy fait la différence. Pourquoi devrais-je m’habiller
en jogging sous prétexte que je me déplace à vélo? Je suis partisane de la fraîche-attitude en toutes circonstances: respecter ses envies, être soi, naturellement, sans artifices, et surtout sans
codes préétablis.
Sur le chemin du retour, j’ai droit à d’autres sourires, d’autres regards charmeurs. Paris au mois d’août est la ville de tous les
possibles, de tous les bonheurs: un simple regard change votre vision du monde, l’embellit quelques instants, et la multiplicaton de ces instants est le meilleur remède à l’illusoire solitude
parisienne en été. Je roule au fil des rues, je regarde autour de moi, je me remémore ce moment unique sur la grande roue des Tuileries il y a un mois, et je réalise qu’en cette douce
soirée Paris est à moi…
Zlatko
Belgrade devient également plus respirable…malgré les 35°C.
En plus c’est bientôt la fête de la bière.