Dernier jour des 36 / Last day of my 36
Oui, aujourd’hui, c’est ma pomme et moi… Normal : après le nouvel an et ses bonnes résolutions (je n’en ai pas pris une seule, comme ça aucun risque de ne pas les tenir), voici venu le temps du passage de cap annuel. Contrairement à certains de mes amis, je ne dois pas encore changer de dizaine, et, sincèrement, ce n’est pas pour me déplaire. Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous : une année de plus, quand on ne passe change pas de décimale, ça n’a rien de bien méchant. Certes… Mais laissez-moi savourer ce petit plaisir : si j’ai envie de me plaindre, je le fais (ben tiens, en voilà une résolution pour 2014 : quand je veux me plaindre, je le fais sans remords).
Et là, je sèche : me plaindre de quoi ? De trop travailler ? Si je ne bossais pas, je n’aurais pas les moyens de voyager,alors bon… ce serait mal venu… De ne plus avoir le temps de sortir ? Là encore, il suffit de regarder par la fenêtre et de voir le ciel gris pour réaliser que, finalement, je suis bien mieux au chaud. De ne pas avoir suffisamment de soleil, alors ? Je vais me faire tacler par ceux qui savent que Bali m’attend… D’avoir pris quelques kilos ? Tout le monde trouve que j’ai minci.. De ne pas plus avoir d’amoureux ? Je le case où, dans mon emploi du temps de ministre qui n’a déjà plus le temps de se faire une toile (enfin si, là, je rattrape le retard depuis quinze jours, merci la trêve annuelle)..? D’être névrosée ? Sincèrement, quand je regarde autour de moi, je trouve que je ne m’en sors plutôt pas trop mal pour une trentenaire parisienne… De ne pas avoir tout ce dont je rêve, peut-être ? Voyons… j’ai monté ma boîte, j’ai un super projet mode en route, une famille soudée, des amis que vous aimeriez connaître, une vue exceptionnelle (bon, ok, je ne dirais pas non à quelques mètres carrés en plus, mais on ne va pas chipoter), une facilité de raisonnement hors du commun (oui, j’ai AUSSI le droit de m’envoyer des fleurs, et puis de toute façon, j’ai TOUJOURS raison, alors essayez toujours de me contredire, pour voir…) et je suis la reine du step tours le dimanches de 13h15 à 14h… Alors quoi ?
Et bien rien. RIEN, vous me lisez, là ? (je ne peux pas vous demander si vous m’entendez : ce serait bête)
Et que devient une fille quand elle ne peut se plaindre de rien (entendez : sans véritable raison) ? La réponse est simple : elle ne comprend plus trop ce qui lui arrive. Elle perd ses repères. Et oui : dans notre jolie société moderne, on nous a habitués à râler. D’ailleurs, c’est presque un sport national. Regardez autour de vous : vous en voyez beaucoup des gens heureux, des qui son contents de ce qu’ils ont, des qui ne trouvent pas que tout va mal même quand ça va plutôt bien ? Et bien non, vous n’en voyez pas. Parce que le formatage moderne nous a rendus “insatisfaisables”. Et vous savez ce que je lui dis, moi, à l’insatisfaction, la veille de me prendre un coup de calendrier dans la gueule ? Je lui dis FUCK !
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Yes, today, it’s me and myself… Logical: after the new year and its good resolutions (even though I didn’t take any, this way I don’t risk not being able to stick to them), here is the time of the annual step. Unlike some friends, it’s not yet time for me to change decade and, honestly, I’m pretty happy about that. So you’ll probably tell me there’s nothing particular about that: another year, when you don’t change the decimal, is nothing really hard to go through. Sure… But leave me this tiny satisfaction: if i want to complain, I just do it (and here is my 2014 resolution: if I want to complain, I do it without any remorse).
And here is where I’m stuck: what can I complain about? Of working too much? If I didn’t do so, I wouldn’t have the money to travel, so… it doesn’t work… Of not having enough time to go out anymore? Well, here again, when I look at the grey sky through the window I realize I’m better at home. of not having enough sun? Those knowing Bali is waiting for me are gonna kill me… Of having put on some weight? Everybody tells me I got slimmer… Of not having a lover anymore? Where would I put him in my busy planning not giving me time to go to the movies anymore (though I’ve been working on that over the last two weeks)..? Of being neurotic? Honestly, when I look arond me, I feel like i’m doing pretty good for a Parisian girl… of not having everything I wish? Come on… I’ve just launched my company, I’ve got a super fashion project on the go, a great family, friends you’d like to know, an amazing view from my appartment (well, ok, I wouldn’t say no to a few more square metres but that’s a detail), an incredible ability for reasoning (yes, I ALSO can flatter myself, and anyway, as I’m ALWAYS right, give a try on saying the opposite…) and I’m the step queen every Sunday from 1.15 to 2pm. So what?
Nothing. NOTHING, do you read me ? (i can’t possibly write “do you hear me”, it would be stupid)
So what becomes of a girl who can’t complain about anything (understand with a reason)? The answer is easy: she doesn’t understand what’s happening to her. She loses all her points of reference. The truth is: in our lovely modern society, you’re not supposed to be happy, you’re supposed to complain. It’s almost the national sports. look around you: do you see lots of happy people, people satisfied with what they’ve got, people that don’t think everything goes wrong when it’s not so bad? Well, no, you don’t see any. Because we have been trained to be “unsatisfiable”. Do you know what I say to dissatisfaction, the day before another year hits me? I say FUCK!