Le nom des gens

Il y a des films dont on entend parler depuis des semaines et qu’on n’a toujours pas trouvé le temps d’aller. Ces films, ils finissent souvent par nous passer sous le nez et ne passent
plus que dans de petites salles indépendantes alors que, évidemment, on a la carte illimitée ou fidélité Gaumont ou UGC. Et puis il y a des coups de bol : le film passe toujours, pas trop loin,
alors on y va. Hier, donc, je suis allée voir Le nom des gens, un vrai bon film qui, sous ses faux-airs de petit comique, est une vraie comédie satirique, un genre qui se perd.

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Le pitch : Arthur Martin est né d’un père on ne peut plus français et d’une mère juive dont les parents ont été emmenés dans les camps et n’en sont jamais revenus. Mais avec un nom comme « Arthur
Martin », l’antisémitisme ne fait pas partie des problématiques quotidiennes, surtout quand le sujet des grands-parents et de leurs origines reste tabou à la maison. Bahia, elle, est née d’une
mère hippie révolutionnaire et d’un père arabe, un algérien qui a vécu six ans en France sans papiers, et qui ne pense jamais à lui pour se consacrer toujours aux autres. Quant à Bahia, elle a
décidé de se servir de son cul pour faire de la politique, et faire passer la droite facho à gauche (oui, parce qu’évidemment, il n’y a de fachos qu’à droite, d’ailleurs toute la droite est un
ramassis de fachos). Et le jour où ces deux-là se rencontrent…

Voilà un film qui parle de sujets sensibles sans larmoyer et sans entrer dans de grandes théories de masturbation intellectuelle forcenée. Oui, on y parle de racisme, d’antisémitisme,
d’injustice, de liberté, de cul, aussi, un peu… et même de pédophilie. A première vue, on pourrait partir en courant : « on en a déjà suffisamment aux infos ». Oui, sauf que là c’est traité avec
justesse et sans condescendance.

C’est donc plutôt rafraîchissant de se trouver devant un film qui traite de sujets sérieux sans que ce soit prise de tête. Pour le coup, on pourrait volontiers citer les dialogues pour étayer les
conversations habituelles où tout le monde finit par crier pour faire entendre son point de vue. Parce que, mine de rien (et toujours sans ton paternaliste et moralisateur), ce film traite aussi
de la tolérance et de la capacité à vivre avec les autres, en face des autres, sans se taper sur la gueule. Quant à notre cher président, il s’en prend tellement plein la poire qu’on peut
imaginer que les acteurs, scénariste, réalisateur, et même les techniciens risquent fort de se prendre un contrôle fiscal dans les règles de l’art avec une petite vérification de leurs activités
diverses et variées depuis leur plus tendre enfance, histoire de les recadrer (non mais!).

Le verdict : un très bon film, drôle, intéressant, qui donne un point de vue plutôt original sur les différences des uns et des autres et les manières de rallier les ennemis à son
camp. Les acteurs jouent juste, le rythme n’est ni trop rapide, ni trop lent, et Jacques Gamblin et Sara Forestier sont touchants du début à la fin.