Les vitrines de Noël trustées par Chanel

Hier, petite tradition familiale, je suis allée voir les vitrines de Noël des grands magasins avec mon pôpa. Direction le boulevard Haussmann pour admirer les créations
hivernales des Galeries Lafayette et du Printemps. Si, dernièrement, j’avais été quelque peu déçue des vitrines (notamment cette manie de coller des casseroles
partout pour bien expliquer aux petites filles quel sera leur rôle en grandissant), j’avais quelque espoir pour cette année : le thème du rock, je dois le dire, me plaisait bien.


Vitrines de Noël Galeries Lafayette 2011
Ah, le thème du rock. Dire que je m’imaginais un remake
enfantin de Love Actually où la rock star en perdition la joue trash sur un chant de Noël revisité pour l’occasion. Bref, je m’attendais à tout. Sauf à ça !

Les Galeries Lafayette d’abord : des poupées, encore des poupées, toujours des poupées. Ou plutôt “toujours les mêmes poupées”. Ici elles chantent, là elles jouent de la
batterie, ailleurs de la guitare… Affublées de tenues dignes de Jem et de ses chanteuses (vous vous souvenez de Jem et les hologrammes ? Non ? regardez plutôt un
peu plus bas alors), rutilantes de paillettes et de strass. Et le sapin ? Et le Père Noël ? Et les rennes ? Et les bonshommes de
neige
? Et la neige, d’ailleurs ? Rien, absolument rien qui laisse entendre, de près ou de loin, qu’il s’agit de vitrines de Noël.


Vitrines de Noël Chanel au printemps 2011
Mais encore pire que les Galeries, le
Printemps
. Là, c’est l’hégémonie Chanel. Les vitrines sont littéralement trustées par la marque qui ne laisse aucune place à Noël, encore moins aux enfants, ni même à
l’imagination. Sur les quatre vitrines “pour les enfants”, une est associée à Tokyo, une autre à Moscou, une au grand Karl (si, si : plein de petits Lagerfeld partout, regardez
la photo) et une dernière à Chanel Airlines. Waouh ! Ca ça fait Noël, hein !

Et que dire des vitrines intercalées, qui nous montrent la collection croisière. Pourquoi ne pas faire plus simple et rebaptiser les vitrines de Noël en “vitrines pour
les riches clients russes et japonais qui vont venir dévaliser le stand Chanel
” ? Hélas… Noël mérite bien plus aujourd’hui que jamais auparavant son étiquette “fête commerciale” car, à
force de vouloir pousser à la consommation, on en oublie les véritables héros de la fête : les enfants. Inutile de s’étonner, après, si des clones de Suri Cruise éclosent çà et
là, réclamant non plus une poupée qui pleure ou un déguisement de princesse, mais des escarpins Jimmy Choo et une robe du soir griffée.

Quant aux petits boys, eux n’ont carrément pas droit à la parole. Les voitures, les jeux de construction, les avions… Trop cheap, trop banal, trop prolo. On ne va tout de même pas gâcher ce bel
étalage made in Chanel pour plaire aux garnements en culottes courtes qui, de toute façon, n’entrent pas dans le cœur de cible (ah bah oui : Chanel n’a pas de
collection masculine).


Vitrines de Noël BHV 2011
Reste le Bon Marché. Là, ils ont décidé de donner dans le pédagogique avec l’histoire des étoiles. Alors oui, les étoiles ça fait Noël.
Mais alors il faut qu’elle soit perchée en haut du sapin, l’étoile, ou encore qu’elle brille au-dessus de la crèche. Rien de tout ça ici. Une voix off qui raconte une histoire
pourrie et des jeux de lumières pas terribles. Pas de quoi casser trois pattes à un canard…

Tout ça pour dire que, décidemment, et au risque de passer pour une vieille aigrie, les vitrines de Noël ne sont plus ce qu’elles étaient. Out l’esprit de
Noël
, bienvenue dans l’ère du luxe omniprésent. On se plaignait de la mythologie made in Coca-Cola, c’était sans compter sur le remake 2011. Jetés à la trappe, les
symboles traditionnels : aujourd’hui on veut du luxe, du design, du fashion. Heureusement, il paraît que le BHV n’a pas encore succombé et a joué à fond la carte de
Noël inspiration Québec cette année. Merci le BHV !

One thought on “Les vitrines de Noël trustées par Chanel

  1. Je suis assez scandalisée également de ce revirement. Pourquoi continuer à appeler ça des vitrines de noël si c’est pour nous infliger un étalage de marques de luxe.