La mode, pour le meilleur et pour le pire…

Quand la mode montre son côté obscur, c’est tout un mythe qui se casse la gueule gentiment. Parce qu’il va sans dire que la mode
c’est loin des paillettes et des grands sourires (faux, les sourires), loin de cet univers magique qu’on nous décrit dans les magazines, et pourtant on n’est pas non plus dans Le diable
s’habille en Prada
(quoique…). La mode, j’y suis, j’y reste – pour le moment – pour le meilleur et pour le pire, souvent le pire. Je dédis donc ce billet à Kamel qui en a fait l’expérience il y a peu, et qui a
osé le dire!

Ce qu’il y a de drôle avec la mode, c’est qu’elle ne laisse personne totalement indifférent. Soit on l’aime, prêt(e) à se damner pour entrer dans ce petit milieu exclusif et faire
partie des happy fews, soit on l’abhorre, parce que tant de superficialité c’est limite pathétique. Soit… Critiquée, dénigrée, dénoncée, la mode reste un rêve inaccessible pour la plupart. Et
c’est pour ça que les stagiaires accumulent des 60 heures hebdomadaires d’esclavage teinté d’humiliation, juste pour avoir le plaisir de dire « je bosse dans la mode ».

Et pourtant… l’illusion continue, les pages de papier glacé redorent le blason de la mode en équilibre instable. La mode qui fait et défait ses icônes, les maltraite, les encense pour mieux les
oublier, ou à l’inverse les lave de tous leurs péchés. Quelle industrie, mieux que la mode, a su surfer sur « l’esprit sain dans un corps sain » tout en intégrant le tryptique « sex, drugs and rock
& roll »? Comment une Kate Moss, égérie inattaquable, a-t-elle survécu au Cocaine Kate, rempilant pour des contrats toujours plus faramineux avec des marques de luxe lui assurant un revenu
confortable de quelques millions de dollars par an?

C’est toute la contradiction de la mode. Un monde de requins sous une apparence de pays des merveilles. Alice s’y serait perdue, au propre comme au figuré. La mode use, démolit, mais attire les
fans comme la flamme attire les insectes pour mieux les brûler. Immolés au nom de la sacro-sainte mode… Sacrifiés sur l’autel du style.

La mode compte ses souverains, les stylistes des grandes maisons, Lagerfeld et Marc Jacobs en tête, les rédactrices en chef, à l’image d’une très crainte mais toujours très chic Anna Wintour ou
d’une exubérante Anna Piaggi. Mais ceux-là ne sont pas les pires, ceux-là ont fait preuve d’un certain talent pour en arriver où ils en sont. Les pires, ce sont tous les arrivistes de la
mode, les assistant(e)s, les grouillots, les stagiaires apprenties RP (un vrai métier qui trouve dans la mode toute la dimension de ses défauts), ces stars en herbe qui pensent que tout leur est
dû pour la bonne et simple raison qu’un jour on leur a proposé un emploi de ramasse-miettes au nom ronflant (attaché(e) de presse, ça fait toujours bien, même quand il ne s’agit que d’un stage
non-rémunéré passé entre la photocopieuse et la machine à café). Ceux-là font preuve d’un mépris savamment surdosé, s’imaginent au-dessus de la masse, supérieurs au commun des mortels, tout ça
parce qu’ils « sont dans la mode ».

Un univers impitoyable, Dallas des années 2000, où les coups de pute sont légion, voire conseillés, reconnus, complimentés. Il en est devenu difficile pour des gens honnêtes, droits, d’avouer
qu’eux aussi « sont dans la mode ». Tout un monde sépare ces deux tribus. D’un côté les seigneurs autoproclamés, de l’autre les « gentils », ceux qui se contentent de faire leur boulot, sans prendre
le melon, qui restent passionnés par goût et non par volonté d’appartenir à un cercle fermé; de l’autre les ambitieux, qui ne cherchent qu’à être vus, reconnus, qui écument les soirées branchées
en espérant qu’un jour leur nom sera cité dans les pages des magazines. Entre les deux, le néant. On entre en mode par passion, on en sort par dépit face à un monde qui se renie chaque jour un
peu plus.

Heureusement, il reste de ces passionnés qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin sans se laisser bouffer par les hyènes, qui ne baissent pas les bras, même s’ils ne sont pas
reconnus (et c’est ainsi qu’ils finiront par l’être). Certains se hissent au sommet, d’autres restent dans l’ombre, mais tous partagent cette même fibre de la mode, un feeling, une goût façonné
depuis l’enfance ou l’adolescence. Ce sont eux qui feront la mode de demain, la mode de la rue, celle qui se joue des figures imposées, qui s’adresse au plus grand nombre et pas à une minorité au
portefeuille bien garni. Mille mercis à ces rescapés talentueux!

 

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La mode, pour le meilleur et pour le pire…:
Quand la mode montre son côté obscur, c’est tout un mythe qui se casse la gueule gentiment. Parce …

3 thoughts on “La mode, pour le meilleur et pour le pire…

  1. Sasha,

    je ne sais quoi te dire sinon merci et que ton billet est trés professionel et passionnant. captivant.

    Si le magazine se fait, et il se fera, je te proposerai de le publier
    et d’autres également car tu le mérites

    merci pour ton aide, ton amitié, même virtuelle pour l’instant.

    Au plaisir de partager un verre sous peu.

    Kamel
    street style romancer in Paris