Avenue Q : venez rire avec eux
Avenue Q, c’est l’adresse de ceux
qui ne peuvent pas se permettre de vivre avenue A ou B, trop chères… Alors ils se retrouvent avenue Q, un gentil ghetto où se retrouvent des paumés tout aussi sympathiques. Il y a un étudiant
fraîchement diplômé, des monstres attachants (une douce rêveuse et un obsédé auto-proclamé qui assume), un rescapé d’Arnold et Willy (non, pas celui-là, l’autre), un couple en
tension, un autre qui n’en est pas tout-à-fait un mais a fait de l’amitié le socle d’une relation un peu bâtarde…
Tout un petit monde qui s’exprime en chansons et se plaint de sa vie un brin pourrie tout en aspirant à des rêves de grandeur. Sauf Princeton qui n’a pas encore trouvé sa voie et
la cherche désespérément, sauf Trekkie qui aime surtout provoquer… Tous ont leur petit souci admis ou caché, comme Rod, homosexuel qui n’arrive pas à le dire à
ses amis…
Un petit monde en huis-clos où les ours sont là pour vous faire faire toutes les conneries du monde et où une ex-star du porno exhibe une poitrine sacrément gonflée. Un petit monde où tout n’est
pas rose et où on n’hésite pas à aborder des sujets pas toujours évidents. Le racisme, l’homosexualité, le sexe (très “imagé” avec des
marionnettes qui s’en donnent à cœur joie sur scène), internet “pour le cul”… Il faut dire que les personnages sont hauts en couleurs mais suffisamment décalés pour que le
message passe sans jamais choquer.
Comédie musicale hors norme, Avenue Q est un petit bijou vocal avec des interprètes sidérants. Prisca Demarez, tenant les rôles de Kate Monster
et de Lucy la Salope, est absolument étonnante et a recueilli une véritable standing ovation samedi dernier, avec David Alexis. Tous deux réussissent à jouer de
leur voix comme d’un instrument à tonalités multiples, passant des aigus aux graves en un souffle. Les autres interprètes ne sont pas en reste et offrent une performance remarquable.
Un spectacle à ne pas rater, alors dépêchez-vous : cela ne dure que jusqu’au 1er avril (et non, ce n’est pas une blague)…